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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 17:34

Salut les Amis,


Il est désormais inutile de le cacher, me voilà au seuil de la saison des pluies. Dehors s’abattent depuis plusieurs heures des trombes d’eau sous un orage assourdissant. Après une journée de chaleur intense et d’une humidité nouvelle, l’air s’est brutalement rafraichi, le son du tonnerre, lointain, a d’abord résonné dans un ciel limpide puis, sans que je m’en aperçoive, de gros nuages noirs ont précipité le venue de la nuit et ce fut le déluge.


On m’avait pourtant prévenu, la belle saison en Casamance s’arrête en avril et commence alors le terrible « hivernage » qui doit durer un peu plus de quatre mois. La chaleur va encore s’intensifier, l’humidité sera désormais permanente et étouffante, et les pluies dureront parfois des jours entiers, défonçant les routes de sable et les toits de tôles. Les insectes vont se multiplier et ce sera (ça commence d’ailleurs ici même, dans ma chambre) un concert assourdissant de vrombissements en tout genre. Des cohortes sans fin de moustiques, de mouches et de cette variété étrange de fourmis vola ntes (qui piquent, ça va de soi). Ceci dit, le bon côté de la chose c’est que la végétation va renaitre et que la région sera de nouveau luxuriante. Décidemment, le climat Soudano-Guinéen, c’est quelque-chose.


Et ce revirement climatique colle assez bien avec une nouvelle période dans ma vie d’exilé lointain. Je commence à avoir le spleen. Eh oui, l’était temps, diront ceux qui me connaissent le mieux. Mais c’est que d’une part mon stage s’embourbe et que par ailleurs, j’ai subitement pris conscience que la bouteille de Gin coutait l’équivalent de 6 euros, alors forcément…


Pour vous faire un rapide topo sur le stage, voilà ce que l’on peut en dire. La Plateforme des Femmes pour la Paix en Casamance est une structure qui se présente sous la forme d’une vaste coquille vide aux ambitions démesurées. Tout notre travail est miné par des rivalités de pouvoir internes, des egos sur-dimensionnés, une vénalité rampante et surtout, par le manque d’argent. Mais quel genre de bailleurs accepterait de financer une organisation qui ne sait même pas de combien de membres elle est composée et qui n’est encore jamais parvenu à réunir ne serait-ce qu’un quart de son assemblée générale ? Les gens ne viennent pas et les salariés désertent systématiquement le bureau à partir de midi, quand ils font l’effort de venir même travailler le matin. Dans ces conditions, je me retrouve à venir tous les matins au bureau vers 8h30 pour ne repartir que vers 17h30 avec strictement rien à faire. On ne me dit rien, on ne me confie rien. J’avais bien essayé de lutter pour que la Plateforme se bouge et se structure un peu, mais toutes mes propositions et tous mes documents ont gentiment été mis à l’écart et oublié. Et croyez-moi, venir jour après jour dans un bureau étouffant pour suer à ne rien faire, c’est dur pour le moral. Surtout quand la pe rspective la plus probable est que cela dure encore 4 mois. Alors j’ai décidé de chercher un autre stage, et c’est ce que je suis en train de faire.


Que dire de plus. Je n’ai pas encore eu l’occasion de faire d’autre week-end dans la région. Il faut dire que chaque voyage me coute assez cher car si je ne veux pas les faire seul et que je propose à un ami de venir, je dois tout payer en double puisque la plupart n’ont pas de salaire et ça chiffre vite. Moi qui pensais que je ferai des économies en Afrique ! Je dépense autant qu’à Lille, peut-être même plus… mais je dois me faire avoir quelque part. Ça aussi, ça pèse sur le moral parfois.


Et en plus, je suis tombé malade ! Et bon, quoiqu’on en dise, tomber malade sur ce continent, c’est toujours un tantinet plus stressant qu’en Europe. A la première poussée de fièvre, on pense au palu, à la première nuit passée la tête dans les chiottes, on pense à l’état de délabrement de l’hôpital dans lequel il faudra se rendre si c’est une intoxication et on vomi encore plus… Et ce jour-là, alors que j’avais courageusement pris la décision de rester chez moi pour essayer de récupérer, voilà que ma patronne m’appelle pour une « urgence ». Une lettre à rédiger et envoyer avant 17 heures à un important bailleur de fonds. Visiblement, elle ne peut pas l’écrire elle-même et tous les autres ont, selon leur habitude, déserté le bureau. Je proteste un peu, silence gêné, puis elle dit d’une voix plaintive « mais comment faire ? », silence, je dis que j’arrive. Arrivé trempé et fiévreux au bureau, je découvre qu’en fait de lettre, c’est une explication des dépenses des 6 derniers mois de la Plateforme que le bailleur attend. Des dépenses pour des activités que je ne connais pas, puisque je suis arrivé il y a deux mois et qu’on a encore conduit aucune activité depuis. On me file trois pauvres documents et, miracle de la fièvre, je ponds trois pages de pipeautage-justification sur l’utilisation de ces millions (de francs CFA, hein !). Au pa ssage, je découvre sur le contrat du bailleur que le financement promis n’était non pas de deux ans comme tout le monde le clamait à l’ONG, mais de 6 mois seulement et qu’il a pris fin en janvier dernier. Ceci explique pourquoi on nous a coupé le téléphone et internet. J’essaie de l’expliquer à ma patronne, mais elle n’en démord pas : le bailleur s’est engagé pour deux ans. Visiblement, personne ne sait lire un contrat, j’abandonne. La lettre est postée, advienne que pourra pour ce pauvre financement fantôme.


Bon, pour éclaircir le tableau, je vais tout-de-même vous raconter ma rencontre avec les rebelles, ça nourrira vos attentes d’aventures…

 

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C’était quelques jours avant cet épisode, je me trouvais comme à l’accoutumé au bar du campement de mon quartier. Sirotant une bière fraiche en compagnie d’un ami. Le gérant de l’endroit, Bass, que je commence à connaitre, s’approche d’un air réjoui. Il sait que je m’intéresse au conflit en Casamance et on en parle souvent tous les deux. Après s’être jeté dans un hamac près de notre table et s’être allumé une cigarette dont il tire une longue bouffée, il me dit ce que j’attendais depuis longtemps. « Ils sont d’accords ». « Ils » ce sont les membres du maquis qui ont une planque non loin de mon quartier, et s’ils « sont d’accords », c’est pour que je les rencontre. Joie et peur. Je me dis très vite que j’ai peut-être été un peu rapide et inconscient ce jour où Bass m’avait dit qu’il savait où les rebelles étaient à Ziguinchor et que j’avais répondu que j’aimerai bien aller leur parler. La bière avait parlé avant moi et voilà la conséquence. Mais qu’est-ce que je pouvais bien leur dire à ces rebelles, moi ? La plupart des membres du MFDC qui habitent cette semi-planque (tout le monde la connait dans le quartier) ont quitté le maquis depuis un bout de temps, mais on me dit qu’ils accueillent encore parfois des maquisards qui cherchent refuge ou qui doivent simplement se rendre en ville. C’est d’ailleurs tout le problème avec ces rebelles, dans la brousse, on peut les reconnaitre, mais en ville, ils sont partout et invisibles. C’est ce qui explique que beaucoup de gens ont peur d’exprimer leur point de vue sur le conflit quand je les interroge. Bon, me voilà donc devant cette bière, à deux jours de les voir enfin, ces fameux grands méchants.


Le jour fixé arrive, je retrouve Bass qui m’accompagne jusqu’à la maison mais qui reste à bonne distance. Il aime pas trop trainer dans cet endroit et ni avec ces gens quand même. J’entre seul dans la cour entouré par une haute palissade de roseaux. Il fait presque nuit. C’est juste après ma poussée de fièvre et je suis encore tremblant, ou bien est-ce la réputation des rebelles ? Je serre quelques vagues questions entre les mains : officiellement, je suis un étudiant qui rédige un mémoire sur le conflit, pas question qu’ils apprennent que je bosse pour la Plateforme, ils ne diraient plus rien. Un petit homme m’attend sur une chaise et me propose de m’assoir. Il est souriant et parle un très bon français, visiblement, il a l’habitude de raconter le conflit aux néophytes. Je me détends un peu. La conversation va durer plus d’une heure et demi. Son discours est très intéressant par ce qu’il omet de dire ou transforme volontairement. Je suis content de constater que j’en sais assez pour pas qu’on me la fasse à moi. Sa position angéliste sur les rebelles et la diabolisation des forces gouvernementales, les arguments historiques d’une prétendue Casamance indépendante, je les aurai démontés en trois minutes si je n’avais eu cette petite voix pour rappeller que j’étais quand même, du moins en partie, dans la gueule du loup. Eh ! qui sait ce qui se cachait derrière les murs de ces cases ! Qui sait qui étaient ces hommes qui traversaient parfois la pénombre de la cour pour disparait derrière une porte ! Mais de son discours, je comprends que ce confit n’est sans doute pas près de connaitre son dénouement. D’abord, le MFDC estime que c’est la France qui a promis son indépendance à la Casamance et que c’est à elle d’intervenir pour régler la question, ensuite il me dit ce que je sais déjà, à savoir que les rebelles sont liés à la lutte par un serment mystique et que seuls ces puissances mystiques peuvent mettre fin à leur combat. Il faudrait donc l’intervention conjointe de la France et des génies de la forêt, un genre de processus de paix qu’on a pas vraiment étudié à l’IEP… Je repars de là assez fier de moi, surtout que les gars de la maison se montrent plutôt épatés, particulièrement Abel qui jure que jamais il ne serait allé trainer avec ces gens.


En parlant de mysticisme, je ne résiste pas à vous dévoiler un autre secret. La maison voisine de la mienne abrite un fétiche Mandjak. Un fétiche assez puissant pour attirer des sénégalais du monde entier qui veulent se débarrasser d’une malédiction ou faire fructifier leurs affaires. Quand un cas grave arrive, les femmes responsables du service mystique se réunissent toutes la nuit et c’est alors une ambiance remplie de mystère et d’angoisse qui tombe sur la maison. La nuit noire est transpercée par des cris surhumains et un rythme infernal de Djembé peuple les rêves d’images tirées d’Apocalypse Now ou d’au Cœur des ténèbres de Joseph Conrad. Allongé sous ma moustiquaire, je ne peux jamais m’empêcher de frissonner malgré la tiédeur de la nuit.


Des bisous les amis, vous me manquez toujours terriblement.

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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 15:55

Kassoumaye les amis !


Je suis un peu désolé d’écrire si tard sur le blog. J’avais plein de choses à vous raconter pourtant. Trop peut-être… un peu la flemme de raconter à nouveau ce que j’avais déjà écrit à certains d’entre vous… et puis incapable de trouver par quoi commencer. Le passage à Casablanca pour voir Nico, l’enfer de Dakar, mes premiers jours à Ziguinchor, mon stage… J’y viendrai sans doute plus tard, mais aujourd’hui, j’ai décidé de commencer par vous parler de mon week-end à Kafountine.


 

Mais d’abord, camper l’ambiance. Je suis chez moi là, après une grosse journée de boulot à l’ONG où l‘on s’est efforcés, ma chef et moi, de boucler un projet bancal pour un financement d’Europaid, par plus de 30°C dans un bureau sans clim ni ventilo. Alors ce soir, je me suis offert le luxe d’une bière fraîche (une "Gazelle"). Je la déguste confortablement installé dans le hamac du jardin, sous les étoiles. Abou, Abel, Michel et Cheikh, mes colocs, regardent un match de foot dans le salon. Le riz cuit, le poisson grille et bientôt il faudra aller piler les piments. Ah ! Moustique ! J’allais les oublier ceux-là. Pardonnez-moi, mais ce récit sera rythmé par leurs attaques. Paf ! Un de moins…


Le week-end dernier, Cheickh, Michel, sa copine Inés, et moi-même, sommes allés à la mer, à Kafountine. Pour s’y rendre, il faut rejoindre la gare routiè

 

re de Ziguinchor : un vaste parking indescriptible, écrasé de soleil et de bruits, peuplé de milliers de vendeurs, de talibés (enfants des rues) et de chauffeur de « 7 places ». Un « 7 places » c’est une sorte de taxi de brousse, souvent une Renault 21 « Nevada » (parce que ce sont les voitures les plus robustes !), qui part vers une destination dès qu’il est plein. Autant dire qu’il peut arriver d’attendre un bout de temps avant de prendre la route. Mais Kafountine le week-end est une destination plutôt commune, alors on attend pas longtemps. Moustique.


Une fois entassés sur la banquette arrière, le voyage commence. Plus de deux heures d’une route défoncée, qui devient rapidement une large piste de sable, coupée par de nombreux barrages montés par l’armée ou bien par les villageois eux-mêmes. Première expérience de mitrailleuse pointée vers la voiture et de petite corruption anodine. On passe le large fleuve Casamance, puis le paysage défile. C’est la forêt tropicale, puis des rizières à perte de vue sur des plaines immenses, puis la mangrove, et la forêt à nouveau. Ça et là, on croise de petits villages à l’entrée desquels d’imposants panneaux annoncent le nom de célèbres ONG internationales. Quand la route devient piste, les couleurs changent et tout prend la couleur dorée de la poussière. D’ailleurs, quand on se fait doubler par une voiture, le nuage soulevé est tel qu’il faut se couvrir le nez et la bouche d’un mouchoir. Mais le chauffeur, humilié, a tôt fait de re-doubler le malotru pour lui infliger la même épreuve. Paf, moustique.

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Attendez une seconde, je vais prendre une petite louche de vin de palme.


Et puis bon, finalement, on arrive à Kafountine. C’est un gros village de pêcheurs, qui fait face à l’Atlantique. Pas de route goudronnée, beaucoup d’échoppes en tôles, quelques grosses villas planquées derrière des palmiers, des fromagers –ressemblant étonnamment à des baobabs- et des manguiers.

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On dort dans le « campement » des parents d’Inès, c’est-à-dire dans une espèce de paradis. Un grand jardin très fleuri, de petits bâtiments bas abritant des chambres et un accès direct à la mer. On se baigne dès l’arrivée, la plage est vide, mis à part quelques vaches qui méditent là. Derrière, commence immédiatement la forêt qu’on dirait impénétrable. Pourtant elle ne l’est pas, comme je m’en aperçois bientôt lorsque l’on décide d’aller rendre visite à Oncle Alphonse. La cinquantaine, « Tonce Phonce » est un vieux rasta, ancien professeur en Gambie, véritable encyclopédie vivante, devenu homme des bois et artiste. Il vit là, à quelques pas de l’Océan, sous le couvert

 

des arbres, dans une hutte sans mur qu’il a bâtit lui-même. Il pense agrandir sa maison, mais écolo radical, il attend que les arbres voisins aient atteint leur taille adulte pour ne pas avoir a en couper un seul. Sinon, il gagne sa vie en construisant des meubles avec du bois mort (il va jusqu'à en vendre à Londres!).


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Il faut dire que Kafountine, la « Jamaïque du Sénégal », est le refuge de tous les artistes du pays. Ici, si tu n’es pas pêcheur, c’est que tu es danseur, musicien, sculpteur... D’ailleurs, c’est la seule ville du pays où les joints sont « légalisés » par la force des choses. Les îles au large ne produisant que ça. Putain de moustique, il m’a eu ! Le soir, on part chercher du poisson sur la plage et le spectacle est incroyable. Des dizaines de grandes pirogues barriolées revenant du large et déchargeant des paniers de poissons dans le soleil couchant.

 

De retour au campement, je rencontre Bacari, le jardinier. Il fait un peu la gueule parce qu’il a une sale carie et qu’il faudrait aller jusqu’à Bignona (au moins 40 bornes) pour trouver un dentiste. Et puis il n’ose pas aller voir les arracheurs de dents locaux. Je lui conseille de boire le vin qu'on a ramené, mais Bacari est musulman... Par bonheur, j’ai quelques comprimés d’aspirine que je lui file. Il fallait voir le sourire épanoui de Bacari lorsque le médoc a fait effet et surtout son empressement à me présenter sa copine qu’il a immédiatement appelé pour profiter de ce moment d’accalmie dans son calvaire.


 Le jour d’après, on le passe chez des amis de Cheikh, qui roulent des joints avant d’avoir fini celui qu’ils serrent entre leurs dents, à faire du Ukulélé et à boire du vin. Ils parlent beaucoup, mais souvent en wolof, je ne comprends pas tout.

 

Puis le retour, avec le même facteur aléatoire qu’à l’aller, sauf qu’il nous faudra attendre beaucoup plus longtemps que la voiture se remplisse. Arrivés à 16 heures, on ne prend la route qu’à près de 18 heures. C’est un peu juste, parce que l’axe Ziguinchor-Kafountine est réputé dangereux et subit régulièrement des attaques des rebelles et autres coupeurs de route à la nuit tombée. Aussi, la route est-elle parfois fermée après 18h30…

Pôf, moustique.

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Mais rassurez-vous, nous n’avons subi aucune attaque de nos amis du MFDC et nous sommes arrivés à bon port quelques heures plus tard, juste avant la nuit.


Moustique.


Vous me manquez tous terriblement.

 

Théo qui vous aime.

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29 octobre 2009 4 29 /10 /octobre /2009 02:01
All right les amis…

 J’ai eu un peu de mal à me mettre à écrire cette fois, pas d’inspiration ou je ne sais pas… en tout cas, je suis revenu depuis deux jours de mon escapade à New-York et il a fallut attendre ce soir pour que j’écrive. Peut-être parce que ce n’est que ce soir que j’ai une bouteille de bière, et que, comme je l’ai descendu trop vite, je suis allé voler dans la réserve de ma coloc’ un verre d’un alcool anonyme mais qui semble fort… peut-être.

Par où commencer ? Mon premier contact avec les douaniers américains ? La magie des rues de NY ? Les empreintes de Kerouac ? Le concert fou de Jazz en plein Manhattan ? On va faire dans cet ordre…

 Ah ! La frontière US ! Il fût un temps où elle était mythique. Maintenant, elle est redoutée… et avec raison. C’est en bus que nous avions décidé de réaliser ce voyage, 8 heures, 125 dollars, un compromis sympathique. Minuit. Nous voilà ma coloc’ et moi dans une longue queue à la gare routière de Montréal, impatients et inconscients… Une heure plus tard, le car se gare devant la frontière, entre le magasin duty-free et la douane. Traversant l’autoroute, un énorme panneau indique « United States of America ». Je fume une clope devant cet aboutissement. Puis, je m’engage dans la file pour présenter mon passeport et me plier à l’autorité. Mon premier douanier américain ! Il me regarde, s’arrête sur ma barbe et me jette froidement « qu’est-ce tu viens faire ici ? », « tourisme » « ah ouais ? ». Difficile de bien rendre compte. Il se foutait de ma gueule ce fils de pute protégé derrière son énorme gilet pare-balle que la proximité du Canada, pays en guerre comme chacun sait, venait justifier. Moi, courageusement, je baisse les yeux et lui tend mon passeport. Erreur. Quand t’es français, que t’as une barbe et pas de passeport biométrique, tu passes pas la frontière. Sauf si t’as de la thune. Donc voilà mon douanier tout sérieux devant mon passeport valide aux yeux du monde mais pas à ceux des Etats-Unis d’Amérique, qui m’explique que « two otpions » sa jugulaire se gonfle, « go back in canada or pay 65 dollars ». J’aligne les billets. Ehé ! Trop facile ! reste encore à prendre les empreintes de tous les doigts du corps (jamais pensé qu’il y en avait autant !) photos et fouille et interrogatoire encadré par trois malabars que la gonflette fait ressembler à des acteur de films porno… Bref ! Une heure et demi après, ils me relâchent et je remonte dans un bus qui m’attend depuis tout ce temps, à trois heure du mat’… j’ai perdu la moitié de mon budget du week-end et en plus je suis assis au fond du bus : j’affronte tout les regards haineux des touristes fatigués.

 New-York. Enfin. Après 7 heures de Bus. Pas le temps de dormir, on retrouve Laura (Alice vous expliquera mieux que moi) et on va se perdre dans les rues de Manhattan… C’est grand, c’est fou. Comme dans les films ! j’avais un peu peur d’être déçu, mais non. Central Park, Broadway, Chinatown, Little Italy, Lower east side, Greenwitch village où Kerouac a surement vomi et Bob Dylan aussi ! La statue de la liberté de loin, le pont de Brooklyn, tout quoi… faut le voir pour le comprendre. Un déjeuner dans une cafétéria crasseuse. Le bonheur. Toute une journée de marche dans ces rues. Le soir, vin et bières chez les amis de Laura chez qui nous dormons, à même le parquet.

Bien dormi. Samedi. On commence par une expo photo au Metropolitan Museum of art, de Robert Franck. Connais pas, mais très vite des citations de Kerouac sur les murs de l’expo m’alertent : Kerouac était un bon pote de Franck dans l’Amérique des années 50… Et c’est vrai, ces juke-boxes fatigués, ces comptoirs graisseux où l’Amérique vient perdre son regard dans un verre de bière. Ces routes surtout! de New-York jusqu’au Pérou en passant par le Nouveau-Mexique. Tout en noir et blanc. Re-rues de New-York pour attendre le soir. Et cette soirée ! Tom-tom ! Joshua Redman Band ! Bon, moi je connaissais pas, mais Laura jurais que par ça ! J’y vais seul avec elle et dans le bar, on nous annonce qu’il fallait réserver. Merde. Mais on peut laisser nos noms au cas où des gens décommandent… reste une demi-heure à tuer. Bravant l’interdit fédéral, je vais acheter une bière dehors, que l’on boit cachée dans un sac en papier, nous même enfoncés dans la pénombre d’un porche. L’heure arrive. On passe ! On nous sert même une pinte ! Un concert de jazz exceptionnel ! Retenez tom-tom ! Et puis New-York dans la nuit, sous la pluie, qui ne s’arrête jamais.

 Le lendemain, promenade sur le Brooklyn bridge au petit matin, puis déjeuner au soleil sur une place et on remonte dans le bus. Le Canada m’accepte sans difficulté et me revoilà à Montréal…

vous me manquez, je vous aime,

théo
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5 octobre 2009 1 05 /10 /octobre /2009 21:51

Quand la porte de votre frigo ne s’ouvre plus que sur deux pommes, une banane et un reste de soupe  et que vous n’avez que 16 dollars pour vivre une semaine. Quand un ticket de métro coûte 3 dollars et qu’on vous propose de faire un voyage de 1300 Km dans deux jours. Quand l'envie d'une bière vous déchire l'estomac mais qu'il vous faut choisir entre cette bière ou du pain pour le petit-déjeuner...Alors vous la sentez. La dèche. L’instant est mythique, seul sur ce continent hostile, mon compte en banque indique un solde de 31 cents…

Je me suis nourri de soupe pendant une semaine, je viens de finir de manger un plat de riz au beurre et de fumer l’unique cigarette journalière que je me permets, mais putain, je l’ai fait ce voyage !

Vous voulez savoir comme vivre près de 10 jours au Canada avec 16 dollars en poche tout en se permettant un road-trip dans le Nord ? Voilà mon histoire :

D’abord, et c’est le plus important, ayez près de vous des amis près à vous avancer de l’argent. L’histoire perd subitement beaucoup de son prestige, mais c’est indispensable. Ensuite et malgré cette première condition, rationnez-vous : plus une seule bière, soupe ou pâte exclusivement, et un unique paquet de cigarette finissant. La vie pendant cette semaine est très surprenante : on apprend à se passer de nombreux petits plaisirs dont on comprend maintenant combien ils étaient agréables. Boire un café ou une bière dans un bar, s’acheter un bouquin ou bien même du chocolat, aller au cinéma, au restaurant… Alors, on se débrouille autrement et on se contente du souvenir laissé par ces moments, on va à la bibliothèque municipale ou encore on épluche les journaux à la recherche de tous les événements gratuits. En fait, on s’en sort plutôt bien. Toutes ces privations valaient le coût : la veille du voyage j’avais exactement 2 dollars et 70 cents, largement de quoi couvrir ces foutus 1300 km…

Nous sommes partis à quatre : Sarah, Chloé, François et moi. Nous avons loué une voiture pour 50 dollars chacun pour trois jours, et comme j’étais le seul à avoir mon permis international, je fus nommé unique conducteur officiel… Les énormes avenues de Montréal, les autoroutes à 4 voies et aux nombreux échangeurs compliqués, et surtout la perspective de ce millier de kilomètres s’offrait à moi. La première étape du voyage était la ville de Québec, nous sommes arrivés à Beauport. C’est un petit village sympathique que l’on découvre sur un coup de rage, quand on rate la sortie de l’autoroute 20 pour Québec… Beauport, son magasin de la société des alcools du Québéc, son bistro « chamo » devant lequel vient se garer un gros pick-up chargé de chasseurs : à l’arrière, deux énormes orignaux (cousins du caribou) font l’objet de commentaires enthousiastes de la part d’autres chasseurs sortis en criant de l’obscure taverne aux vitre teintées. Comme nous sommes au Canada, nous mangeons dans un restau mexicain. Le patron nous parle espagnol, alors je lui parle espagnol. Puis direction Québec, promenade dans la « vieille » ville, face au majestueux Saint-Laurent. Une bière dans un bar à chansonnier (reprenant notamment du Johnny Cash !) et nous voilà repartis pour notre Motel, à 20 min de Québec (étant entendu qu’on commence par se perdre dans Québéc, hein ? ça va de soi… d’autant que les bières et la fatigue ont un peu entamé ma capacité d’attention). Quelques demi-tours et feux orange allégrement brulés plus tard, je range la voiture devant notre chambre. Vous voyez les motels américains des mauvaises séries télévisées ? Alors vous voyez notre motel. Sorte de long bungalow à un niveau, formant un L posé sur le long de la rive du fleuve. Les portes de chaque chambre donnent directement sur le parking et sur l’unique route de la petite ville.

Le lendemain matin, on déjeune de biscuits au beurre achetés dans la station service d’en face, puis on remonte en voiture vers Tadoussac. La route devient de plus en plus petite, la forêt reprend ses droits et il est de plus en plus rare de croiser un chalet, ou même une autre voiture. Les arbres ont une couleur magnifique malgré la pluie. Au détour de certains virages, on découvre le large Saint-Laurent qui semble nous montrer le chemin vers l'océan : on le suit. Tadoussac est un petit village de pêcheur reconverti dans le tourisme de la baleine. Situé dans l’embouchure du fleuve, au Nord de Québéc, il est exposé aux intempéries et au froid : j’étrenne mon manteau militaire Tchèque. C’est une plongée dans la nature profonde et les boutiques souvenirs… et oui… je ne vais cependant pas me plaindre de ces touristes imbéciles et bienheureux. De ces touristes sans qui le prix des chambres d’hôtel ou encore des repas au restaurants seraient 5 fois moins chers ici, de ces touristes qui s’extasient avec force « oh » et « ah » devant la nageoire dorsal d’une baleine à bosse aperçu l’espace d’un instant entre deux capuches d’autres touristes agglutinés autour du bastingage, de ces touristes qui parlent de Paris pendant le petit-déjeuner alors qu’on a quand même fait 650 km pour aller se perdre dans le Canada profond et qu’entendre des nouvelles de la France est vraiment la dernière chose dont on a envie… non, je ne me plaindrais pas, j’en suis un. Parce que ce bateau à 60 dollars pour voir la queue du plus gros mammifère vivant, je l’ai pris, que j’ai aussi été voir des ours sauvages et des phoques et parce qu’après tout, moi aussi j’ai râlé sur le port quand, dans le froid et le vent humide, on attendait tous d’embarquer.

Le troisième jour nous repartons vers Montréal, des bouteilles de bières en guise de pique-nique. Comme il se doit, je nous perds dans Montréal, sous la pluie et de nuit. Ce fut néanmoins un très beau trip.

J’ai accumulé peut-être près de 250 dollars de dettes, et je dois encore payer mon loyer. J’en suis presque à me réjouir de ne toujours pas avoir reçu le virement…

Bisous de la part d’un homme endetté.

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12 septembre 2009 6 12 /09 /septembre /2009 21:38

L’autre soir, je revenais de la Grande Bibliothèque Nationale de Montréal. J’avais dans mon sac trois disques de Blues et trois recueils de poésie. Whitman, Ginsberg, Kerouac. La soirée s’annonçait bien, j’étais résolu à me plonger dans le mystère de la poésie américaine (en version originale s’il-vous-plait ! … bon, avec les traductions en face…) et c’est le plus naturellement du monde que j’ai fait un crochet en sortant du métro pour m’acheter de la bière avant de rentrer. (Il me restait suffisamment de cigarettes). Me voilà fièrement devant ma porte, mon pack à la main, farfouillant mes poches à la recherche de mes clés, sous le regard bienveillant des éternelles vieilles Montréalaise à leur balcon. L’autre soir, la soirée s’annonçait bien, dis-je.

 

Mais voilà, avant de pouvoir faire quoique ce soit, mettre de la musique ou lire un poème, j’ai bu quatre de mes bières. J’ai oublié de diner. J’ai trop fumé. Je me suis effondré. Envolées la soirée et la poésie. Alors, c’est devant une tasse de thé, chauffé par le soleil de septembre que j’ai décidé de partager avec vous mon tout premier poème de Walt Whitman. Ça s’appelle « en commençant mes études ».

 

 

EN commençant mes études le premier pas m’a tant plu,

Le simple fait de la conscience, ces formes, la puissance du mouvement,

Le moindre insecte, le moindre animal, les sens, la vue, l’amour,

Le premier pas, dis-je, m’a tant rempli de crainte et de plaisir,

Que je n’ai guère progressé ni désiré progresser davantage,

Mais m’arrêter et flâner à loisir afin de le chanter en chants d’extases.

 

Qu’en pensez-vous ?

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31 août 2009 1 31 /08 /août /2009 05:15

La campagne québécoise est bien comme on se l’imagine. Lorsque ce ne sont pas d’infinies étendues cultivées, hérissées de fermes en bois rouge, ce sont d’immenses forêts, vertes encore, mais bientôt colorées de rouge et de jaune. Les routes au bitume noir sombre et au bandes jaunes sont soit absolument droites en plaine, soit au contraire tortueuses et cahoteuses en forêt. Elles suivent alors la courbe des collines et le contour des lacs et se ramifient sans cesse en petits chemins chargés de promesses qui s’enfoncent dans l’ombre des arbres. Les bons gros trucks ont définitivement remplacés les rutilantes mustangs du centre de Montréal, les flics de l’autoroute sont loin derrière nous, nous pouvons rouler paisiblement, à vive allure, sur cette route de rêve…

 

Dans la voiture, nous sommes cinq. Luc, l’un des comédiens, son fils de seize ans, Camille une autre comédienne, Aurélie et moi. Je serre contre moi le pack de bière que j’ai tenu à emmener pour montrer ma bonne volonté à la troupe. Pour l’instant, je ne sais pas encore bien en quoi ce week-end va consister. Nous arrivons à Cherlsey ou Chertsay peut-être, je n’ai jamais réussi à comprendre correctement le nom du patelin. C’est là que la petite compagnie de théâtre joue depuis le milieu de l’été, dans la chapelle-salle des fêtes du village. L’endroit est quasiment désert. Une seule véritable rue, un seul bar-grill, l’immense majorité des habitant est disséminée dans les bois alentours, à des kilomètres parfois de cette fichue chapelle.

 

Je rencontre enfin le reste de la troupe. Il y a Abdel qui vient du Maroc et connais bien la France pour y avoir joué cinq ans à Toulouse, André, le metteur en scène et Philippe, son « ami » (des tapettes quoi…) le dernier acteur. Il y a aussi Maurice qui écrit des contes pour enfants et qui tient aussi le bar de la chapelle (mon dieu que j’aime ce pays) et Serge dont la femme a monté le projet mais étant en train de cuire sous le soleil mexicain, elle a chargé son mari de gérer les entrées et ce genre de trucs. J’apprends que ce soir, en fait de camping, nous dormons tous dans le chalet du metteur en scène, dans la montagne, au bord du lac.

 

Pendant que les acteurs se préparent, les spectateurs arrivent. Ce soir nous serons seize à regarder le spectacle, mais ils ont déjà joué pour cinq personnes… Comme il serait sûrement mal venu que j’ouvre ma propre bière dans la chapelle, je fume beaucoup et je fini par me convaincre qu’il s’agit bien d’un bar, là, au fond de la chapelle… je commande donc une bière au comptoir divin. La pièce commence, c’est plutôt le genre  théâtre de boulevard, une comédie que l’on dit légère, mais les acteurs sont assez bons… le public l’est moins. Ce sont de vieux canadiens français sortis de leur cambrousse et leur vie ne pas doit les avoir souvent amené devant un rideau rouge… ils parlent aux comédiens, discutent pendant la pièce, n’hésitent pas à sortir en plein milieu pour fumer avant de revenir bruyamment. Bref, la pièce finie, nous partons tous en voiture vers le chalet.

 

Il fait nuit quand nous arrivons, je ne vois donc pas le lac, ni rien du tout d’autre. Je me console en me disant que bientôt, je pourrais ouvrir mon pack de bière et le partager. Oui, mais voilà, c’était sans compter avec le caractère fantasque et imprévisible des acteurs, d’une actrice en fait. Debout dans la cuisine, tout le monde s’active pour faire la tambouille quand Camille vient se planter au milieu de la pièce et déclare qu’elle trouve inadmissible qu’Aurélie ai amené un étranger (il s’agit de moi ! non mais… moi, un étranger !) sans demander l’avis de toute la troupe. (en fait Aurélie avait prévenu André, donc le propriétaire du chalet mais celui-ci avait oublié de prévenir les autres). Donc crise, éclats de voix, tension qui monte et moi qui vois ma bière salvatrice s’éloigner inexorablement. La dispute retombe, je pars fumer une clope avec aurélie pour essayer de comprendre, mais j’y comprends rien. Bon… à ce moment là je sais pas trop où me mettre vu que je dois quand même rester le week-end avec eux dans ce petit chalet. Mais paradoxalement, tous les autres vont devenir beaucoup plus bienveillants et chaleureux avec moi pour détendre le truc. L’incident trouve sa fin sur ces magnifiques paroles de Philipe « allez, je t’aime bien théo, prend donc une bière ». J’ai enfin ma bière.

 

Le second événement marquant de la soirée intervient peu après, quand trois jeunes ratons-laveurs décident de venir parader sur le porche de la maison. Apparemment, c’est plutôt rare parce que tout le monde est devenu frénétique, voulant prendre des photos, les nourrir de cacahuètes jusque dans la main, tandis que moi, j’observais placidement ces espèces de petits blaireaux à l’air de bandit. On se couche et je dors sous la partie couverte du porche, protégé du froid (car il fait froid) par une géniale porte-moustiquaire que même un raton pourrait ouvrir d’un coup de patte. Le lendemain matin, on se réveille vers midi pour un brunch canadien : œufs brouillés, lard frit, pâté de graisse de porc, beurre de cacahuète et… café. Il pleut mais la vue sur le lac, de l’autre côté de la route, reste magnifique. On fait un feu pour se réchauffer.

 

 Ce soir étant véritablement « la dernière », il y aura en plus un concert de chants harmoniques. Quatre chanteuses et une pianiste nous rejoignent donc, elles dormiront aussi au chalet cette nuit. Une parenthèse sur la pianiste. Je pense pouvoir dire que nous avons là La femme parfaite pour Tomtom. Blonde, très jolie et extrêmement gentille, plutôt silencieuse ce qui lui permettra d’endurer tout les discours politiques de l’autre Normand, elle joue du piano depuis toujours, beaucoup de Jazz. Ai-je précisé qu’elle était jolie ?

 

Le temps de manger au seul restau du coin (l’occasion pour moi de goûter à la fameuse Poutine, plat traditionnel d’ici, en fait l’héritier direct du Welch de la mère patrie, en remplaçant le pain par des frites.) et on repart à la chapelle. Trente personnes ce soir. Sympa. Et puis il faut démonter le décor, la scène et l’estrade. Mais l’ambiance est cool, car Serge (qui s’occupait aussi de la sono) passe très fort de bons Blues qui résonnent dans la chapelle. Un mot sur Serge, homme exceptionnel s’il en est. Je le découvre un peu mieux alors qu’il me ramène en voiture au chalet pour la fête finale. Ancien délinquant, aujourd’hui devenu éducateur social pour les jeunes sans-abris, autrefois pédé, aujourd’hui marié, il doit avoir dans les cinquante balais et adore le Blues (à peine trois minutes entre le moment où il arrête le Cd de la chapelle et celui où il allume son lecteur cassette dans la voiture). Plus tard dans la soirée, il sortira une guitare de son coffre pour jouer des blues canadiens de vieux hippies, sa cigarette coincée entre les cordes. Serge mourra d’un cancer. Alors que nous discutions dehors le premier soir, il s’arrête brusquement et rigole : il venait de s’allumer une nouvelle cigarette en tenant toujours sa première à peine entamée dans la main. L’habitude.

 

Bière et vin, coucher quatre heure. Repart le lendemain matin, n’ayant pas pu se baigner dans le lac à cause du temps. Nous sommes le 29 août et je n’ai pas quitté une seconde mon pull et ma veste en cuir. Même à l’intérieur.

 

Aurélie est un peu dépitée de cette fin d’un projet de plusieurs mois, alors pour se consoler elle fait un gâteau au chocolat. C’est bon, les gâteaux au chocolat.

 

théo

 

 

Je vous aime tous très fort et merci pour vos commentaires précédents !

 

 

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28 août 2009 5 28 /08 /août /2009 06:38

Je ne sais pas ce que je dois dire? Bonjour, bonsoir, guten morgen, hi…   putain de décalage horaire… les nationalistes ont rien inventé de mieux pour nuire à l’internationalisme ! Enfin bref…

 

Je pense être le premier à écrire sur ce blog hors de Lille. C’est un honneur. Je vais m’efforcer d’en être digne et de pas écrire un truc pourri. Pour ça, il me faut de la bière, je vais donc aller m’en décapsuler une nouvelle avant d’entamer les choses sérieuses.

 

Voilà. Ah oui ! Avant de commencer, je voulais vous dire de vous méfier des cigarettes canadiennes. Dures à trouver et dures à fumer. Je dis ça parce que je viens de fumer ma première et j’en suis encore tout étourdi…

 

Bon, là personne n’a rien vu, mais il s’est passé une longue pose entre cette phrase et le paragraphe précédent. Ma coloc’ est rentrée pendant que j’écrivais et puis on a décidé d’aller prendre un verre dehors pour fêter sa possible trouvaille d’une salle de théâtre pour sa prochaine pièce… donc sorti, bière, retour et là, nouvelle bière pour continuer. (Le whisky ici est hors de prix et surtout, ils ont un choix déplorable en scotch).

 

Donc pour vous rassurer tout-de-suite, mon voyage s’est bien passé. Evidemment mon avion a eu du retard, évidemment j’avais la place du milieu, celle coincée entre un jeune qui lisait Harry Potter et une vieille québécoise qui se plaignait à voix basse, et évidemment le passager devant moi a voulu incliner son siège au maximum pour dormir. Mais bon, il y avait du vin à volonté et du blues disponible dans l’écran de télé individuel –pourtant de seconde classe- et des courts métrages canadiens très intéressants (jusqu’au moment où l’un d’eux tourne en partouze, sous l’œil sévère de ma voisine qui préfère regarder mon écran plutôt que l’océan Atlantique qui s’offre à travers son hublot). Arrivé à l’aéroport de Montréal, je croise Mehdi et d’autres de l’IEP dans la (longue) file des services de l’immigration. Mais ils préfèrent le taxi quand je veux (courageusement, il faut le dire) prendre le bus pour rejoindre la ville de Montréal. Me voilà avec mes sacs dans le fameux métro anti-froid, sauf que là il fait vraiment très chaud… l’été indien qu’ils disent. Deux cachets d’aspirine anéantissent le mal de tête hérité du vin généreux d’air canada et je débarque enfin au grand air dans la rue qui sera désormais « ma » rue, la rue Saint-Denis. Elle doit faire dans les cinquante bornes de long. Je m’en tape une partie à pied, chargé comme une mule avant de trouver l’adresse…

 

Mais là. Aurélie, ma coloc’ donc, m’ouvre. Bon, disons les choses comme elles sont, elle est super-jolie. Mais surtout, surtout, elle a prévu un apéro pour mon arrivé. Le temps d’une douche et me voilà  à siroter un cocktail-maison tout en discutant avec elle de nos vies respectives. Elle de théâtre, moi… de moi. Mais laissez-moi vous parler de l’appart’ maintenant. La maison est semblable à toutes les autres du quartier : maison-immeubles divisés en appartements, en petites briques, et l’on accède à chaque étage par l’extérieur grâce à de bizarres escaliers biscornus en bois ou en fer forgé. L’appartement lui-même est assez grand, cuisine, salon, et deux chambres (salle de bain aussi, mais ça pas intéressant). Et deux balcons. L’un d’eux, celui de la cuisine, est perché au-dessus d’une rue paisible, zébrée de fils électriques et de cordes à linge, sillonnée par les avions de lignes paresseux qui déversent leur cargaison d’humains pas encore morts. En bas, des matous jaloux jouent les durs entre les roues des pick-up. Moi, accoudé à la balustrade de ce balcon-escalier-de-secours-de-film-américain, je fume une bière à la main et je pense à Jack Kerouac.

 

Le quartier aussi vaut le détour. Des centaines de coiffeurs africains, des milliers de restau asiatiques portant la mention « apporter votre bouteille de vin », un grand marché couvert de fruits et légumes et un grand parc peuplé de canards et d’écureuils téméraires. Pas loin, une rue résonne de blues live, plus loin, c’est little Italy avec un bar swing et plus loin, china town. New-York est au centre de Montréal et un vieux-port pas si vieux que ça donne un alibi historique et touristique à la ville. Enfin, ma fac domine l’ensemble car elle est perchée sur le mont royal, seule colline de la région semble-t-il.

 

Les canadiens sont canadiens. Pendant le vol, le commandant de bord ne parlait que de « renter à la maison » au lieu de dire « aller au canada », les bus affichent « désolé » sur leur fronton quand leur service est terminé et les vieilles dames s’excusent auprès des propriétaires de chien qu’elles ont fait innocemment aboyer en passant devant la grille de leur maison. Et les « dépanneurs » (épiceries d’ici) sont obligés par la loi de cacher leurs cigarettes dans de gros tiroirs camouflés derrière des pubs pour des chewing-gum.

 

Aujourd’hui, j’ai bu une bière en bavardant avec un chat sur le balcon d’en face. Demain, j’accompagne aurélie à sa dernière représentation théâtrale de l’été dans la campagne québécoise. On campe prés d’un chalet, au bord d’un lac « très jack London », et le défi habituel consiste à rejoindre à la nage une île au centre dudit lac (20 min aller puis un peu plus retour…).

 

Pour l’instant, je suis bourré.

 

Love.

 

Théo sur la route de Chicago.

 

NB : ce texte a été relu plusieurs fois. Les répétitions, les fautes d’orthographe et de ponctuation et autres conneries que nico voudrais relever sont volontaires. Ciao.

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