L’autre soir, je revenais de la Grande Bibliothèque Nationale de Montréal. J’avais dans mon sac trois disques de Blues et trois recueils de poésie. Whitman, Ginsberg, Kerouac. La soirée s’annonçait bien, j’étais résolu à me plonger dans le mystère de la poésie américaine (en version originale s’il-vous-plait ! … bon, avec les traductions en face…) et c’est le plus naturellement du monde que j’ai fait un crochet en sortant du métro pour m’acheter de la bière avant de rentrer. (Il me restait suffisamment de cigarettes). Me voilà fièrement devant ma porte, mon pack à la main, farfouillant mes poches à la recherche de mes clés, sous le regard bienveillant des éternelles vieilles Montréalaise à leur balcon. L’autre soir, la soirée s’annonçait bien, dis-je.
Mais voilà, avant de pouvoir faire quoique ce soit, mettre de la musique ou lire un poème, j’ai bu quatre de mes bières. J’ai oublié de diner. J’ai trop fumé. Je me suis effondré. Envolées la soirée et la poésie. Alors, c’est devant une tasse de thé, chauffé par le soleil de septembre que j’ai décidé de partager avec vous mon tout premier poème de Walt Whitman. Ça s’appelle « en commençant mes études ».
EN commençant mes études le premier pas m’a tant plu,
Le simple fait de la conscience, ces formes, la puissance du mouvement,
Le moindre insecte, le moindre animal, les sens, la vue, l’amour,
Le premier pas, dis-je, m’a tant rempli de crainte et de plaisir,
Que je n’ai guère progressé ni désiré progresser davantage,
Mais m’arrêter et flâner à loisir afin de le chanter en chants d’extases.
Qu’en pensez-vous ?