Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 15:55

Kassoumaye les amis !


Je suis un peu désolé d’écrire si tard sur le blog. J’avais plein de choses à vous raconter pourtant. Trop peut-être… un peu la flemme de raconter à nouveau ce que j’avais déjà écrit à certains d’entre vous… et puis incapable de trouver par quoi commencer. Le passage à Casablanca pour voir Nico, l’enfer de Dakar, mes premiers jours à Ziguinchor, mon stage… J’y viendrai sans doute plus tard, mais aujourd’hui, j’ai décidé de commencer par vous parler de mon week-end à Kafountine.


 

Mais d’abord, camper l’ambiance. Je suis chez moi là, après une grosse journée de boulot à l’ONG où l‘on s’est efforcés, ma chef et moi, de boucler un projet bancal pour un financement d’Europaid, par plus de 30°C dans un bureau sans clim ni ventilo. Alors ce soir, je me suis offert le luxe d’une bière fraîche (une "Gazelle"). Je la déguste confortablement installé dans le hamac du jardin, sous les étoiles. Abou, Abel, Michel et Cheikh, mes colocs, regardent un match de foot dans le salon. Le riz cuit, le poisson grille et bientôt il faudra aller piler les piments. Ah ! Moustique ! J’allais les oublier ceux-là. Pardonnez-moi, mais ce récit sera rythmé par leurs attaques. Paf ! Un de moins…


Le week-end dernier, Cheickh, Michel, sa copine Inés, et moi-même, sommes allés à la mer, à Kafountine. Pour s’y rendre, il faut rejoindre la gare routiè

 

re de Ziguinchor : un vaste parking indescriptible, écrasé de soleil et de bruits, peuplé de milliers de vendeurs, de talibés (enfants des rues) et de chauffeur de « 7 places ». Un « 7 places » c’est une sorte de taxi de brousse, souvent une Renault 21 « Nevada » (parce que ce sont les voitures les plus robustes !), qui part vers une destination dès qu’il est plein. Autant dire qu’il peut arriver d’attendre un bout de temps avant de prendre la route. Mais Kafountine le week-end est une destination plutôt commune, alors on attend pas longtemps. Moustique.


Une fois entassés sur la banquette arrière, le voyage commence. Plus de deux heures d’une route défoncée, qui devient rapidement une large piste de sable, coupée par de nombreux barrages montés par l’armée ou bien par les villageois eux-mêmes. Première expérience de mitrailleuse pointée vers la voiture et de petite corruption anodine. On passe le large fleuve Casamance, puis le paysage défile. C’est la forêt tropicale, puis des rizières à perte de vue sur des plaines immenses, puis la mangrove, et la forêt à nouveau. Ça et là, on croise de petits villages à l’entrée desquels d’imposants panneaux annoncent le nom de célèbres ONG internationales. Quand la route devient piste, les couleurs changent et tout prend la couleur dorée de la poussière. D’ailleurs, quand on se fait doubler par une voiture, le nuage soulevé est tel qu’il faut se couvrir le nez et la bouche d’un mouchoir. Mais le chauffeur, humilié, a tôt fait de re-doubler le malotru pour lui infliger la même épreuve. Paf, moustique.

IMGP2370.JPG

 

 

 

Attendez une seconde, je vais prendre une petite louche de vin de palme.


Et puis bon, finalement, on arrive à Kafountine. C’est un gros village de pêcheurs, qui fait face à l’Atlantique. Pas de route goudronnée, beaucoup d’échoppes en tôles, quelques grosses villas planquées derrière des palmiers, des fromagers –ressemblant étonnamment à des baobabs- et des manguiers.

IMGP2366

On dort dans le « campement » des parents d’Inès, c’est-à-dire dans une espèce de paradis. Un grand jardin très fleuri, de petits bâtiments bas abritant des chambres et un accès direct à la mer. On se baigne dès l’arrivée, la plage est vide, mis à part quelques vaches qui méditent là. Derrière, commence immédiatement la forêt qu’on dirait impénétrable. Pourtant elle ne l’est pas, comme je m’en aperçois bientôt lorsque l’on décide d’aller rendre visite à Oncle Alphonse. La cinquantaine, « Tonce Phonce » est un vieux rasta, ancien professeur en Gambie, véritable encyclopédie vivante, devenu homme des bois et artiste. Il vit là, à quelques pas de l’Océan, sous le couvert

 

des arbres, dans une hutte sans mur qu’il a bâtit lui-même. Il pense agrandir sa maison, mais écolo radical, il attend que les arbres voisins aient atteint leur taille adulte pour ne pas avoir a en couper un seul. Sinon, il gagne sa vie en construisant des meubles avec du bois mort (il va jusqu'à en vendre à Londres!).


IMGP2353.JPG

 

 

 

Il faut dire que Kafountine, la « Jamaïque du Sénégal », est le refuge de tous les artistes du pays. Ici, si tu n’es pas pêcheur, c’est que tu es danseur, musicien, sculpteur... D’ailleurs, c’est la seule ville du pays où les joints sont « légalisés » par la force des choses. Les îles au large ne produisant que ça. Putain de moustique, il m’a eu ! Le soir, on part chercher du poisson sur la plage et le spectacle est incroyable. Des dizaines de grandes pirogues barriolées revenant du large et déchargeant des paniers de poissons dans le soleil couchant.

 

De retour au campement, je rencontre Bacari, le jardinier. Il fait un peu la gueule parce qu’il a une sale carie et qu’il faudrait aller jusqu’à Bignona (au moins 40 bornes) pour trouver un dentiste. Et puis il n’ose pas aller voir les arracheurs de dents locaux. Je lui conseille de boire le vin qu'on a ramené, mais Bacari est musulman... Par bonheur, j’ai quelques comprimés d’aspirine que je lui file. Il fallait voir le sourire épanoui de Bacari lorsque le médoc a fait effet et surtout son empressement à me présenter sa copine qu’il a immédiatement appelé pour profiter de ce moment d’accalmie dans son calvaire.


 Le jour d’après, on le passe chez des amis de Cheikh, qui roulent des joints avant d’avoir fini celui qu’ils serrent entre leurs dents, à faire du Ukulélé et à boire du vin. Ils parlent beaucoup, mais souvent en wolof, je ne comprends pas tout.

 

Puis le retour, avec le même facteur aléatoire qu’à l’aller, sauf qu’il nous faudra attendre beaucoup plus longtemps que la voiture se remplisse. Arrivés à 16 heures, on ne prend la route qu’à près de 18 heures. C’est un peu juste, parce que l’axe Ziguinchor-Kafountine est réputé dangereux et subit régulièrement des attaques des rebelles et autres coupeurs de route à la nuit tombée. Aussi, la route est-elle parfois fermée après 18h30…

Pôf, moustique.

IMGP2383.JPG

Mais rassurez-vous, nous n’avons subi aucune attaque de nos amis du MFDC et nous sommes arrivés à bon port quelques heures plus tard, juste avant la nuit.


Moustique.


Vous me manquez tous terriblement.

 

Théo qui vous aime.

Partager cet article
Repost0

commentaires

E
Ca fait rêver. Je vais devoir contre-attaquer sur les produits des terroirs ardéchois, lozérien et alti-ligérien.
Répondre
N
Ben mon cochon !
Répondre
D
OUAH ! mais t'es en Casamance mec ??!!! c'est chaud non ? un peu séparatiste le truc quand même.... et tu vas aller en Gambie ? bon bah bisous.
Répondre
L
"Le soir, on part chercher du poisson sur la plage" pur koh lanta cette histoire ! C'est incroyable ! D'ailleurs j'y crois pas, voilà.
Répondre
J
Whaouh c'est fou ah nan mais là j'en reviens pas ! chapeau melon et botte de paille mon vieux
Répondre