Coucou mes ptits loups,
Je m’y mets, je m’y mets. Je n’avais pas trop envie. Je ne savais pas pourquoi. J’ai compris. Il y’a deux ans c’était facile. Vous n’étiez que des copains, vous étiez loins, je vivais des trucs trop biens. C’est loin non ? Et puis là, bien sûr, inévitable, vous êtes rentrés de plein pied dans le cercle très privé des initiés. Et en ce moment, la vie est assez moche. Alors voilà, AHAH, quelle surprise, raconter des trucs tristes aux gens qu’on aime est plus difficile que raconter des trucs marrants aux gens qu’on aime bien. Bon, ce breaking news DE MAALADE posé, je m’y mets.
J’avais rêvé de la ville. Ah que de discussions stériles entre mimile et moi ! La campagne gratte et pique. Marche 40 kilomètres pour trouver quelqu’un, discute cinq minutes, tire toi une balle. La solitude en tête à tête avec le chêne insolent qui en a vu passer tant d’autres et sera toujours là, insolent et silencieux, 500 ans après ma mort, très peu. Seule à la ville, au milieu de milliers d’autres solitudes, voilà qui est déjà beaucoup plus réconfortant. Traverse la ville à grands pas, croise-les par milliers, ils sont ton époque, ils s’agitent comme toi, ils te bousculent, te marchent dessus, te sourient à l’autre bout du wagon, qu’ils sont cons pris un par un, mais c’est coul qu’ils soient là : l’idée de la mort s’affronte mieux à 10 millions que tout seul au milieu des bois.
Alors voilà. Paris. J’ai fait beaucoup d’efforts pour trouver ce stage . J’ai été prévoyante, organisée, rigoureuse. Autant dire que j’ai forcé ma nature. Janoé m’aurait même dit que je me prenais trop la tête, que j’aurais dû y aller plus relax, peut-être même que j’en devenais chiante. Vous comprenez, je voulais un truc chouette, que tout ça en vaille la peine. Alors Paris. L’objectif : y aller, en chier, se battre au corps, la dompter, et enfin l’aimer comme ta meilleure copine, l’explorer encore et encore, toute une vie, et l’en aimer chaque jour d’avantage. Moi, je voulais être Cavanna, je voulais être le Pennac de Belleville, je voulais être Willy Ronis.
Je ne suis rien ni personne, je suis juste fatiguée. Oh surprise. Il n’a pas fallu longtemps avant que je prenne ma fessée. Deux mois plus tard, plusieurs observations :
1. Il fait froid
2. Je n’aime pas me lever
3. Je n’aime pas du tout me lever tous les matins
4. J'aime le bouillon avec des pâtes dedans .
On prend le rythme. Lever entre 8h30 et 9h15. Différence de température entre dessous et dessus de couette : 25 degrés. « Ce soir je me couche tôt bordel. » Métro à Charlles de Gaulle Etoile, comatage jusqu'à Champs Elysées-Clemenceau. Changement Ligne 13.Si changement effectué entre 9h30 et 9h45 n : sujet à l’heure. Après 50, sujet dans la merde. Ligne 13, petit-déjeuner croissant-espresso dégueu-20 minutes. Quand sujet a eu le temps d’être prévoyant, céréales dans tuppereware (je suis sure qu’il ya des hérétiques parmi vous qui deisent tupperouare ahah), lait en bouteille, déjeuner petite cuillère. Sujet aime bien, il se fait remarquer, ca fait marrer les gens. Arrivée entre 10h et 10H 15 à Malakoff Plateau de vanves, marchage 5 minutes. Sujet a réalisé après un mois de stage qu’il passait devant chez sa patronne entre le métro et le boulot, sentiment d’être observé, paranoïa aigue chaque matin au même instant. Travaillage jusqu’à 13h, puis déjeunage seule, devant serie, ou radio. Depuis deux mois, sujet écoute beaucoup beaucoup France Inter . Toutes les Marches de l’histoire, tous les Masques et la Plume. Sujet devient instruit. 16H : 1er texto à Sujet malgrain « Tu fous quoi ce soir ? » , 16h 30, 1ere réponse « Jsais pas, ya ptet un truc avec tom-tom ». 18h fin de travaillage. Depart pour de nouvelles aventures : qu’elles qu’elles soient, le sujet ne se couche jamais avant 2h30. Retour à la case départ.
Réflexions sur
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- Les collègues de travail. Quelle espèce étrange. Des gens avec qui tu passes littéralement ta vie, qui n’en conaissent rien, et beaucoup plus étrange : qui ne veulent rien en connaître. J’ai de la chance, les miennes ne sont jamais là. C’est donc en solitaire que je compte les trombonnes.
- Les responsabilités. Rien. Ne m’en donnez pas. C’est donc en solitaire que je compte les trombonnes.
L - Les Happy Hours. 23 ans, j’ai enfin compris. Il est 18h, rapellez-vous, ce matin tu t’es dit « ce soir je me couche tôt », mais tu refuses encore que ta vie se résume à celle du métro boulot dodo, OH bien sur il y’a aussi un foyer chaud avec top chef et du bouillon au nouilles, mais dans ta tête Julie Davidoux serinne « Mais non justement, faut grave faire un effort pour sortir, faut faire des trucs pas se laisser enfermer dans le cliché du trentenaire ». Alors elle est loin ta Davidoux, mais elle a raison, alors tu « f iles » « direct » au bar rejoindre tes fidèles lieutenants Théo et Tom-Tom, tu ne repasses pas chez toi, car chez toi c’est loin, tu ne dines pas car il est 18h, tu bois des pintes car elles ne sont qu’à 3euros, à 21heures, fin de l’happy hour, tu es bourrré, tu reprends des pintes, tu les payes 7euros, tu rentres chez toi à minuit complètement pété et à sec, tu manges du bouillon CAR TU AS JURE QUE CHAQUE SOIR BOUILLON IL YAURAIT, tu regardes top chef avec ton coloc chomeur aussi foncedé que tu es bourré, tu te couches à deux heures du matin sur un canap pourri, tu te réveilles entre 8h30 et 9h15, mais plus à 9h15, tu es à Champs-elysées Clemenceau plus à 50 qu’à 30 et à Malakoff plateau de Vanves plus à 10h30 qu’à 15. Tu as grave la tête dans le cul. On te file des responsabilités. On a tort. Retour au tiret du dessus. Et c’est donc en solitaire que tu comptes les trombonnes.
J’aurais du combattre de toute la force de mes petits poings vengeurs. Je n’aurais pas eu le courage d’attendre le Paris des Beaux-Jours, le retour de ma Davidoux, je n’ai pris aucune photo. J’apprends l’Espagnol, je m’envole pour Miami. Fini le métro, à moi la décapo.
Le rêve américain. Que c’est con qu’un truc aussi galvaudé soit encore aussi fort. A vrai dire je men ronge les mains d’attente. Que c’est bête, mais c’est mon tour ! J’avais toujours penser commencer par New-York
Ou peut-être euh
Montauk ?
Detroit ?
Atlanta !
Chicago ?
Je n’aurais jamais pensé commencer par là :
mais hé ! C’est là…Alors je fonce.
A bientôt les loulous, pour que ce bel endroit ne dépérsisse pas, je compte sur vous.
D’amour encore et toujours.
Fougueusement,
Votre Dony, Secrétaire et quadruple cancer de la peau.
ps : Tout comme Emile dont j'approuve le principe de l'article interactif, carte postale gratuite au premier qui me trouve de quel chef d'oeuvre est tiré cette merveilleuse jeune femme que je serai bientôt.
ps 2 : Cet article est bien entendu dédié à mon fidèle co-compteur de trombonne sans lequel je me serais tiré une balle 50 fois depuis le 2 janvier. Je lui souhaite de trouver très vite l'endroit révé pour aller s'en prendre partout, des balles.