Toutes les colocations ne se valent pas. C'est le moins que l'on puisse dire.
Trompée que j'ai été par le bière fraîche offerte lors de la visite de l'appartement, j'ai foncé tête baissée dans l'appartement où je vis actuellement au centre de Nantes. Je pensais naïvement que les gens qui offraient de la bière à des inconnus - fut-ce de la kronenbourg - ne pouvaient être que des gens sympas, a fortiori de gauche, votant a minima Hollande.
Pensez-vous ! Les sarkozystes se glissent partout, et même dans les traits d'un homosexuel roux aux accents du sud, qui deviennent bien vite, trop vite, insupportables. Le monstre s'appelle Guillaume - et oui, je vis avec lui. Son retour récent me plonge dans un abîme d'irritation et de mécontentement dont je n'ai d'autre choix, si je veux conserver ma santé mentale, que de vous en faire part aujourd'hui.
Cela a commencé quand il m'a communiqué son vote - j'avais cru un temps que la promesse de Hollande de faire profiter de l'institution aliénante (ou pas, je m'en tape) qu'est le mariage aux homosexuels pousserait ce petit cerveau à voter à "gauche". Mais non, voyez-vous, dans sa grandeur il a "pensé aux intérêts de la France, et pas aux siens" et tout de même, il faut l'avouer, "Sarkozy est quand même un peu plus raisonnable". Selon quelles vertus, quels arguments ? "On peut dire qu'il a évité la casse quand même", ah bon ? quelle casse ? l'augmentation de la dette ? la casse sociale ? je me le demande bien.
Et au fond de moi cette envie que j'ai de lui crier de ne pas voter, si son bulletin doit être guidé par les débilités sans noms que la télé rentre dans son crâne vide et déficient, apparemment sans rencontrer aucun obstacle.
Ce n'est pas tout.
L'être est en plus d'une mesquinerie la plus totale. Alors que nous partageons toute la bouffe, Guillaume a décidé de ranger son Fa Douche dans sa chambre afin que nous autres ne puissions pas - grands dieux, ce serait affreux - en profiter. Il aimerait aussi que nous ne touchions pas à ses 10 kilos de lessive Le Chat dont je me demande bien ce qu'il va en faire à la fin de la colocation, qui arrive à grand pas.
Il faut avouer qu'il en a une utilisation assez importante - c'est ce qui se passe quand on veut laver les tapis de bains toutes les deux semaines... Car la bête m'assomme aussi sur le ménage. Non content de rentrer pour nous encombrer de sa présence après 1 mois d'absence, il s'est plaint de la disparition du "planning de ménage" et a décidé de coller des POST-ITs à notre porte pour nous indiquer la marche à suivre (Jojo - sdb ; Kevin - salon), nous réduisant par je ne sais quelle autorité à des subalternes exécutants. Il a aussi bien voulu m'expliquer dans un paternalisme abjecte que "tu vois Johanna, si on fait la vaisselle tous les jours, c'est beaucoup moins chiant pour tout le monde"...
"AAAAAH espèce de petite merde" (j'ai envie de lui dire) "qui ne sait pas vivre, pas lire, pas écouter (ses goûts musicaux sont affligeants), pas aimer, pas rire - comment peux-tu ne serait-ce qu'envisager que tu peux me faire la leçon comme à une jeune brebis égarée ?"
Tous les jours, la colère rugit en moi et je ne peux pas me dresser contre cette nullité qui l'habite, sous peine de passer les deux mois et demi qui me restent à le supporter quotidiennement dans un climat quelque peu tendu. C'est pourquoi je couche sur l'écran ma fureur, pour mieux la contenir.
Et je repense à ces jours dorés de la colocation lilloise. Julie et Laure, je vous rends hommage - nous avons eu nos difficultés, mais quel bonheur d'avoir vécu ensemble.
Pas de catastrophisme cependant, ma vie nantaise est loin d'être à l'image de ma relation avec Guillaume. Je baigne dans l'amour qui, si il est parfois chaotique, demeure formidable. Le stage est pas si mal (même si le concept de travail me pèse de plus en plus). Les projets s'amoncellent, le futur nous sourit !
Et bientôt nous nous reverrons, pour de nouvelles aventures.