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3 décembre 2009 4 03 /12 /décembre /2009 16:44

Cela fait longtemps que je ne vous ai pas écrit. Trop longtemps. Happé que je suis par l’exaltation de la vie bolognaise, j’en oublie mes volontés narratives.

 

Dieu que j’aime Bologne. Dans un de mes cours, j’ai deux Italiens. Pas vraiment des étudiants. Ils ont déjà largement dépassé la soixantaine. Gino (anarchiste ou communiste, ça dépend des jours) et Giuliano (aussi catholique qu’il est de gauche ce qui est étonnant) sont retraités. Pour tuer l’ennui ils retournent à l’université.

Gino est Bolognais depuis sa naissance et un jour, lors d’une de mes ballades nocturnes, je le croise par hasard. Après un brin de causette et il me propose de me servir de Cicerone (sorte de guide touristique) un de ces jours. Quelques pérégrinations plus tard, je forme un petit groupe : le très connu Nicolas Salvi qui avait quitté Turin-la-Grise pour Bologne-la-Rouge ; Alice, Brésilienne du Minas Gerais étudiante à Bologne pour six mois et à Rio pour le reste du temps. Nico, Alice et Tom-Tom partent en vadrouille dans la Bologne médiévale avec Gino et Giuliano les « vieux étudiants » comme ils se qualifient eux-mêmes.

Gino est un puits d’anecdotes. Il devient un Cicerone d’autant plus agréable qu’il fait cela pour le simple plaisir de nous faire découvrir la Bologne qu’il aime. Sans prétention aucune il nous révèle la beauté confondante de cette ville incroyable. Heureusement privé d’appareil photo, j’ai mis en application le peu connu adage Carpe Omnius ; profites de tout.

 

Dieu que j’aime Bologne. Samedi 28 novembre 2009, 15heures. 300 jeunes marchent vers un unique endroit, dans un unique but. Piazza Maggiore pour la plus grande bataille de polochons de l’histoire bolognaise.

Je ne sais toujours pas si cette tradition existait avant le projet Erasmus. L’événement facebook a été lancé par un Irlandais. Les non-italiens étaient présents. Les vieux bolognais étaient étonnés de voir une telle agitation.

Le principe est simple : venir avec un oreiller tout-doux-qui-ne-peut-pas-faire-de-mal-même-à-une-mouche. Avoir bon esprit. Ensuite, « picchiare ! ». Lors de cette bataille bonne enfant, on fraternise avec des inconnus. Je me suis retrouvé à faire un remake de la légende des Horace et des Curiace avec des italiens. Puis, avec Philou, Jakub et Alice nous mettons en œuvre la tactique très élaboré de la Tortue (grossièrement ça donne quatre personnes en cercle avec un oreiller sur la tête). J’en arrête là les considérations tactico-stratégiques.

Une heure et demie de pillow fight plus tard, je me réfugie dans ma gelateria préférée pour savourer une divine glace. Là, j’ai une pensée pour ma rencontre-étonnante-du-jour : un Français d’une vingtaine d’année, look à la j’tais-rasta-quand-j’tais-au-lycée-et-j’le-suis-resté-un-peu-dans-l’esprit. Ce jeune de Chalon-sur-Saône a malheureusement échoué à devenir kiné, et en France, et en Belgique. Plutôt que de prendre une décision absurde, il s’est donné une « année sympathique » comme il dit. Résultat, il fait le Wwoof en Toscane: il travaille quatre heures par jour pour des cultivateurs d’olives qui le logent, le nourrissent et le blanchissent. Vu qu’il a une amie française qui est Erasmus à Bologne, il est venu la voir ce week-end.

Ce garçon, j’ai reconnu qu’il était français à sa façon de dire « Kaméhaméhaaaaaaaa! » avant de se lancer dans la bataille avec une folle fierté toute gauloise. Signe distinctif, son oreiller était en forme et en couleur de Pikachu. Résultat, il était la cible favorite des participants. Dès qu’il s’élançait dans la bataille, une personne criait « Picchiamo Pikachu ! » et une quinzaine de participants le prenaient pour cible. Le voyant agir ainsi, je m’étais dis que ce garçon avait du participer à nombre de pogo. Cette intuition s’avéra vraie. Etonnant personnage, il est devenu la mascotte de cette bataille de polochons. Il a eu le droit à une bonne vingtaine de demandes de photos où il devait poser gauloisement, brandissant fièrement son polochon-Pikachu tel Vercingétorix levant son épée au soir de la victoire de Gergovie.

 

Dieu que j’aime Bologne. Bologne est une ville où l’on fait bonne chaire, très bonne chaire. Ce soir, je suis allé au restaurant. Pour 10€ j’ai mangé comme un dieu. En guise de primo piatto un plat de pâtes d’une succulence à me faire oublier la cuisine normande. Au secondo piatto j’ai eu le droit à un merveilleux rôti de porc accompagné de divines frites (d’un goût que l’on ne rencontre que dans le nord de la France, d’une finesse que l’on ne rencontre qu’à Bologne). En dessert, un orgasmique mascarpone au chocolat. Il est très difficile de retranscrire les sentiments que l’on éprouve dans ce genre de situation. C’est un peu comme tenté de décrire le it du jazzman : si tu n’as pas le talent d’un Proust ou d’un Kerouac, c’est l’échec assuré.

 

Dieu que j’aime Bologne. Je l’aime tellement que j’en reviendrais presque à regretter de la quitter momentanément. Demain, j’investis Prague !

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commentaires

J
<br /> ah oué c'est énorme ça, je suis un peu jaloux que vous vous voyez bande d enflures mais bon on se croise bientot j espère.<br /> bises à tous sauf à toi<br /> <br /> <br />
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N
<br /> 3 jours ???<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Plutôt Dony. Elle est en Chine là quand même.<br /> <br /> <br />
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J
<br /> "oh putain c'est fou."<br /> <br /> La bataille de polochons ou dony et mazot qui se ramènent à Bologne ? ;-)<br /> <br /> <br />
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J
<br /> Oh putain c'est fou.<br /> <br /> <br />
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