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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 17:48

Chers amis, comme promis, voici donc l’article relatant mes aventures pédestres : préparez-vous à avoir chaud, froid, peur, mal partout ; au dos, aux fesses, aux épaules, aux pieds, préparez-vous à rire, à pleurer, à chanter et à puer, bref préparez-vous à vivre un bon moment…

Je suis partie six jours en compagnie de Julia, une très bonne amie de Paris qui m’a rejoint à Leipzig le jeudi 22 avril. Nous savons qu’il est difficile de rameuter des amateurs de périples tel que celui que nous nous apprêtions à vivre, nous partons donc à deux. Nous ne nous décourageons pas, au contraire.

Nous quittons Leipzig le samedi à 5h du matin. Heureusement, les trois heures de train vers Eisenach (dont un changement à Großkorbetha…) nous ont permis de compléter un peu notre courte nuit. Arrivées à destination à 8h, nous commençons par prendre un petit-déjeuner dans le centre ville, à la terrasse du seul café ouvert si tôt un samedi matin. C’est étrange et excitant d’être debout à cette heure, dans une ville inconnue, un pays étranger, un gros sac sur le dos et des chaussures de marche aux pieds. Ca sent les vacances à plein nez et c’est un réel plaisir. Le temps est magnifique, les regards curieux commencent déjà. Nous semblons passer pour des spécimens. Autant les randonneurs du dimanche sont nombreux en Allemagne, autant les randonneurs qui transportent leur maison sur le dos sont rares, pour ne pas dire inexistants. Cependant, tout au long de notre voyage, nous n’avons rencontré que des gens sympathiques, intéressés et intéressants. Souvent des retraités d’ailleurs. Parfois drôles. Parfois incompréhensibles.

 

Rando-avril-2010-063.jpg

Bref, la première journée nous commençons par rejoindre dans ses hauteurs le château de la Wartburg. Ce nom vous dit quelque chose ? C’est normal. Luther y a traduit le Nouveau Testament en 1521... Il faut prendre le rythme : nous portons au moins 15 kilos chacune et ça grimpe pas mal. Premières transpirations, premières pauses, premières plaintes.

 

Rando avril 2010 088  Drachenschlucht

 

Rando avril 2010 061Le château n’a rien d’extraordinaire, nous continuons rapidement notre route. Et entre autres, nous traversons le Drachenschlucht (essayez donc de le prononcer…) : une longue promenade entre les falaises, le long d’une rivière, c’était magique comme endroit, un paysage très celtique, on se serait presque attendu à croiser des elfes… Ce premier soir, nous campons finalement au milieu de la forêt, pas très loin du sentier de randonnée. Nous installons la tente près d’une petite hutte construite en hauteur : la vue sur le gibier est imprenable, ce soir ce sera donc un festin ou rien. Mais oh Gott… ! premier incident de la rando : Julia tente d’enclencher la nouvelle bonbonne de gaz dans le réchaud, elle rate les encoches, le gaz s’échappe, nous en avons partout sur les mains, sur le jean, nous paniquons (JE panique ?), dés qu’elle dessert un peu la pression, le gaz sort en masse et très rapidement, c’est angoissant, elle appuie de toutes ses forces, je l’aide et nous parvenons au bout de cinq très longues minutes à créer de nouvelles encoches et à coincer la bonbonne. J’ai eu le temps de poser toutes les questions débiles qui me passaient par la tête et de donner des conseils non moins futés. Heureusement, « le gaz est volatile ». Nous nous lavons les mains, rassurées. La clope de réconfort est la bienvenue. Et finalement, le réchaud a tenu le temps de la rando, ça tombe bien, nous n’avions que des trucs à faire cuire : pâtes, riz, knödel… Nous nous couchons avec le jour, comme presque tous les soirs, et nous réveillons très tôt le matin. Les journées s’étirent en longueur, nous avons du temps, c’est agréable.

 

 

 

 

Rando avril 2010 110Le lendemain, nous quittons le campement vers 9h30 après avoir tout démonté, rangé, nettoyé. Il y a une fontaine pas très loin où nous pouvons faire la vaisselle. Nous n’avons jamais manqué d’eau cette fois, contrairement à notre précédente aventure dans les Cévennes. Le deuxième jour de marche, nous nous perdons un peu et faisons une boucle dans la montagne, un « rundweg » ; c’est rageant mais pas très grave. Nous parvenons ensuite à Ruhla, charmante petite ville où nous trouvons une superbe auberge qui fait de la cuisine de Thuringe. Nous y mangeons une Thüringerbrätt avec des pommes de terre. C’est copieux et bon marché. Exactement ce qu’il nous faut.

 

Bref, je ne compte pas vous raconter toutes nos journées en détail, cela risquerait de vous ennuyer. Il y a quand même un épisode que je ne peux passer sous silence, une des peurs de ma vie je crois. Maintenant j’en ris quand je le raconte mais sur le coup je peux vous dire que je me pissais dessus. C’est la deuxième soirée, il est environ 19h30, nous parvenons au but ultime de la journée, une station de ski de fond (à 650 mètres de hauteur) que l’on appelle Skihütte (à prononcer : « Chihütte »). Nous plantons la tente près d’un marais, pas très loin d’une pension et de quelques bungalows vides. L’endroit est très sympa, nous mangeons des Knödel avec du concentré de tomates et des sardines à l’huile, c’est dégueulasse mais ça remplit le ventre… Nous nous couchons vers 21h et après une petite heure de lecture, alors que nous commençons à tomber dans un doux sommeil, un bruit vient heurter nos oreilles : un bruit de sabot, un bruit de galop, puis, le pire, un bruit de groin en furie… un SANGLIER !!! Nous sommes sûres de nous, ça ne peut être qu’un SANGLIER. Cette fois, c’était tout bonnement impossible d’hésiter avec le BLAIREAU… J’aurais pourtant aimé que ce soit un blaireau, un gentil petit blaireau qui aurait détalé dans la nuit sombre et dont nous n’aurions aperçu que l’ombre fugitive et rapide. Nous n’osons plus bouger, ficelées dans nos sacs de couchage, nous chuchotons. Mais nous ne pouvons rien faire, au risque d’attirer l’attention de la bête féroce. Nous pourrions sortir et courir à l’hôtel mais Julia pense qu’un sanglier court plus vite qu’un être humain… Donc surtout, ne pas bouger. Cinq minutes plus tard, un bruit de nouveau. Cette fois c’est un chien qui hurle à la mort. Bizarrement ça me rassure, le chien paraît inoffensif à côté du Wildschwein…Puis encore cinq minutes et le sanglier repasse en galopant, un peu plus près de la tente, j’ai l’impression que je vais faire une crise d’angoisse tellement je tremble de tout mon corps, j’ai très froid d’un coup, c’est terrible et insupportable ce sentiment de panique, la PEUR. Nous imaginons des scénarios pour nous rassurer et faire passer le temps : le chien a surpris le sanglier dans un buisson, il l’a effrayé, le sanglier s’est enfuit en criant, paniqué, d’où le bruit de galop et de groin, puis, non sans fierté, il est revenu pour attaquer le chien et lui montrer de quel bois il peut se chauffer, d’où cette fois le hurlement à la mort du chien, blessé…

 

sanglier

Nous décidons d’agir dans le cas où le sanglier se manifeste une troisième fois, heureusement, nous n’avons pas eu à passer à l’action car je me demande encore ce que nous aurions bien pu faire. Nous avons passé la nuit à guetter les bruits inquiétants de la nature, tombant parfois dans un demi-sommeil. Autant dire que nous n’avons quasiment pas dormi et que la journée du lendemain fut longue et rude.

 

CIMG4902

            Les trois nuits suivant cet épisode traumatisant furent douces et sans danger. Un soir dans un champ, autour d’un étang où nous avons croisé moult pêcheurs allemands. Un autre en clairière, non loin d’un sentier. Puis, le dernier soir, dans un des parcs municipaux de Gotha (à côté d’un panneau d’information sur lequel était dessinée une tente barrée d’un trait rouge, épais…), destination finale d’où nous avons chacune pris notre train pour Frankfurt et Leipzig.

 

CIMG4866

           

La rando fut par ailleurs agrémentée de deux séances lavage à l’eau glacée dans des cours d’eau, de quelques vaisselles, de bons restaus aussi, et bien sûr de pintes de Franziskaner…

Nous avons eu un peu de pluie une journée durant, quelques fraîches températures également, mais avec une polaire rouge comme la mienne, je crois que rien n’aurait pu m’atteindre…excepté peut-être le sanglier…quoique.

 

Allez ciao les cocos et à la revoyure, qui se rapproche dangereusement !

 

CIMG4875Auberge à Ruhla

 

CIMG4891Julia se lave dans un ruisseau

 

CIMG4905Moi, l'air fatigué, dans ma polaire rouge

 

CIMG4972Walterhausen, près de l'étang Rödicher

 

Rando avril 2010 053

 


Rando avril 2010 084

 

 

Rando avril 2010 102Julia et La Hütte

 

CIMG4842Premier jour à Eisenach

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commentaires

D
<br /> Le Blaireau castillan, ça c'est dangereux.<br /> <br /> <br />
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E
<br /> Vous avez croise des goths ?<br /> <br /> <br />
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J
<br /> j'aurais voulu le voir le Théo face au sanglier... héhé<br /> bisous ;-)<br /> <br /> <br />
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T
<br /> Aha! peur d'un sanglier! pfffff... et puis d'abord, je suis sur que notre blaireau était bien plus dangereux! t'as déjà vu des griffes de blaireau? hein? alors ton sanglier à côté, c'est rien du<br /> tout. et puis la bonbonne de gaz, ça nous était arrivé avec nico, mais dans une cave sans fenêtre avec des cigarettes pas loin! c'était rigolo aussi.<br /> <br /> ça avait l'air cool en tout cas... belles photos!<br /> <br /> <br />
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